L. ayant passablement refroidi mes ardeurs, je suis furieuse et triste. Oui, j'ai couché avec Roland "pour de bon". J'ai beau tourner l'histoire dans ma tête dans tous les sens, je sais qu'elle a un peu raison : ce n'est pas pareil que d'habitude. Elle n'est peut-être pas la mieux placée pour me faire la leçon, mais pour la première fois depuis très longtemps, je me suis abandonnée. Laissée prendre. Donner du plaisir sans penser à moi, essayer de fondre. Bref, j'ai trompé K.
Je me marmonne que c'est fini, que je ne retoucherai pas à Roland, qu'il ne me touchera plus. Trois fois au téléphone avec L., essayer de me faire pardonner. Elle me répond "peut-être que tu es amoureuse, mais lui, il couche avec la bonne, c'est tout". Un moment avant de réaliser que je suis la bonne, que, en effet, je continue de faire la vaisselle, le ménage, le repassage, préparer le dîner pour Roland, quand il arrive après que je sois partie. Je suis la bonne de Roland.
Je réalise aussi que me faire pardonner de K. voudrait dire lui expliquer, pour lui demander pardon, évidemment impossible. Et je suis triste parce que je crois que L. est fâchée avec moi. Mot de L. sur Roland : "en plus, un comptable!".
Et donc, j'ai répondu à Luc, au lieu de lui raccrocher au nez. Oui, ça va, oui, ça fait super longtemps qu'on ne s'est pas vus, oui, je sais qu'il pense à moi. Et pourquoi pas à midi, d'accord ? D’accord.
Qu'est-ce qui me prend, je n'en sais rien. Je ne sais pas ce qui m'énerve le plus chez Luc. Qu'il soit à ce point stupide, qu'il soit persuadé que "nous deux c'est super" ? Qu'un idiot pareil soit capable de me faire jouir ? J'arrive quand il arrive, lui aussi, à la porte de son immeuble "j'ai raconté un truc au bureau, mais on n'a pas tellement de temps", ça tombe bien, tu vois. Je jette un œil sur sa bibliothèque, la moitié des livres sont des manuels d'informatique, ce type est franchement passionnant. Il est déjà derrière moi, a me susurrer des trucs qu'il doit trouver romantiques. Je répète ma question : comment se fait-il que je sois excitée avec un type que je ne supporte pas ?
Il est à genoux derrière moi, le nez dans mes fesses, il m'écarte pour lécher, et moi, debout, je regarde le dos d'un livre qui s'appelle "PHP : programmation de bases de données pour le marketing relationnel". Il y a un doigt qui rentre dans moi, nous allons comme une créature à pattes étranges vers le canapé, ma culotte reste en chemin. C'est moi qui suis à genoux, maintenant, je pense qu'il voit ça comme un partage des tâches : il a fait son boulot, à moi de sucer. Connard. C'est pour moi que je suis venue, Luc, pas pour toi, c'est pour jouir avec la tête toute pleine d'image de Roland, pas pour te donner du plaisir.
Je prends sa main pour qu'il se masturbe dans ma bouche, et je me caresse, je n'entend rien de ses grognements, que Roland, Roland, c'est lui qui me caresse, c'est sa queue qui est dans ma bouche, je jouis quand il éjacule, c'est Roland qui vient de prendre du plaisir en moi, c'est le sexe de Roland que je prend dans ma bouche maintenant, pour sa chaleur, ses tremblements, c'est Roland que je j'entoure de mes bras, c'est sur les genoux de Roland que je monte, pour sentir au fond de moi un dernier spasme.
"tu es une belle salope, hein ?". Evidemment, il a bien fallu par ouvrir les yeux, réveil brutal, je m'échappe de Luc, au moins il n'a pas parlé de photo. Je voudrais prendre une douche, mais sûrement pas ici. Salut, Luc, ne sois pas en retard à ton boulot, moi aussi il faut que j'y aille.
lundi, novembre 10, 2008
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3 commentaires:
Je trouve superbe la transition entre l'innocence des premiers émois extra conjugaux et l'élan désabusé de ce texte. Et quelle impuissance face à ton histoire avec K!
je ne suis pas sûre de l'innocence mais merci du commentaire!
disons la simplicité et le naturel, comme si l'absence de retranscription du ressenti sur le moment imposait une forme d'évidence à l'acte.
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